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« LE CUIR EST UNE PASSION, JE REVE D’OUVRIR UNE ECOLE DE CORDONNERIE »

Une femme cordonnière, ce n’est pas tous les jours qu’on en trouve au Sénégal. Baya Bathily, une des rares femmes cordonnières et maroquinières, rêve de briser les tabous et d’ouvrir le métier. Elle était ce week-end à Rufisque, où elle a présenté ses œuvres au centre Maurice Guèye de Rufisque.

Sa présence dans ce milieu, généralement réservée à la gent masculine, est fort marquée. Baya Bathily, également connue sous le nom de Baya Design, est une passionnée du cuir et des métiers de la cordonnerie et de la maroquinerie. Très tôt piquée par l’attirance de cette matière, elle a décidé de se consacrer à la cordonnerie, malgré l’opposition de sa famille pour des considérations sociologiques et culturelles.

 « Au début, ce n’était pas facile tout le monde trouvait bizarre une femme qui s’intéresse à ces métiers. Ma famille aussi ne voulait pas. On me disait que ce n’était pas un métier pour femme, sans oublier les histoires de castes. Mais j’ai suivi ma passion », a-t-elle confié.

Toutefois, elle devait faire face à d’autres obstacles comme le manque de moyens et de structures de formation pour s’initier à la cordonnerie. Mais loin de se décourager et portée par sa passion, elle va se contenter de fréquenter les ateliers des artisans cordonniers où elle va acquérir les secrets du métier avant de se lancer pour son propre compte. Les résultats sont au rendez-vous. «  Aujourd’hui, je fais aussi du recyclage avec des articles qui sont en fin de vie pour donner une seconde vie et pour protéger aussi l’environnement. C’est-à-dire que des fois aussi on trouve des sacs qui sont abimés et qui tiennent vraiment à ces objets. Nous les prenons pour les repeindre et refaire avec de nouveaux sacs par exemple, soit en cuir ou avec des tissus ».

Aujourd’hui, la trentaine à peine atteinte, dans sa robe longue évasée, la tête ceinte par un foulard qui laisse de taille apparaître des locks aux bouts teints en ocre, elle est fière de présenter ses œuvres au centre culturel Maurice Guèye de Rufisque. Aujourd’hui, elle vit des fruits de sa passion, mais l’artiste designer ne se suffit pas de ces succès, elle rêve plus grand et veut réveiller le talent qui dort chez beaucoup de jeunes dans les métiers de la cordonnerie et de la maroquinerie. Son ambition, c’est d’ouvrir une école de formation dans ce domaine, afin de donner plus de finesse et d’esthétique au travail du cuir qui est bien développé au Sénégal.

« Je rêve d’ouvrir une école de cordonnerie pour non seulement former, mais aussi briser les tabous. Il n’y a pas de métiers réservés à des groupes ou à une catégorie de personnes ». Pour concrétiser ce rêve de faire grandir son business et offrir des opportunités de formation aux autres, Baya tape aux portes des institutions financières. Aujourd’hui, après sa présentation, elle peut entrevoir l’avenir avec plus de sérénité. La fondation SOCOCIM lui a accordé un appui financier destiné à « acquérir de nouvelles machines et renforcer le personnel de son entreprise qui emploie déjà cinq personnes ». 

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